Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/349

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gers, et les lettres qui y étaient gravées devaient se correspondre comme celles d’un billet de banque qu’on rapproche de la souche, il donnait l’objet réclamé sans faire aucune difficulté, et sans témoigner le plus léger doute sur les droits et la sincérité du demandeur.

Lorsqu’on dit que le Saint garde la partie gauche du contrat, on entend qu’il ne réclame rien à personne, et qu’il attend que les autres viennent demander eux-mêmes ce qu’ils désirent de lui.


(4) Je crois, avec Ou-yeou-thsing, qu’il faut sous-entendre tso « gauche » (lævus) après sse (vulgo « présider à ») ; mot à mot « qui habet virtutem præsidet (lævæ parti) tabulæ khi  », c’est-à-dire : « celui qui a de la vertu tient la partie gauche du contrat. »

E : Lao-tseu veut dire que le Saint se borne à donner aux hommes et ne réclame point la récompense de ses bienfaits. Quand il leur fait du bien, il l’oublie ; alors les hommes oublient aussi l’inimitié qu’ils peuvent avoir contre lui.

Les mots : « il tient la partie gauche du contrat » , sont l’équivalent de ceux-ci : « il est disposé à donner, il songe à donner. » (Voyez plus haut, lig. 5.)


(5) Littéralement : « il préside à l’impôt tch’e , » c’est-à-dire : « il ressemble à celui qui lève l’impôt tch’e . » Le mot tch’e désignait un genre d’impôt, appelé plus souvent tch’e-fa 撤法 (E), qui avait été établi sous la dynastie des Tcheou. (Voyez mon édition de Meng-tseu, livre i, page 177, note 61.)

E : L’empereur donnait au peuple des terres appelées kong-tien 公田 (que huit familles cultivaient en commun et dont elles partageaient également les produits), et il exigeait un impôt qui équivalait à la dixième partie de leur revenu. Il différait beaucoup de celui qui garde la partie gauche du contrat (et qui est disposé à donner.) Celui qui a de la vertu tient la partie gauche du contrat (sic Ou-yeou-thsing) ; c’est-à-dire qu’il se borne à donner aux hommes et ne leur réclame rien.