Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/117

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en peignant le faux, le mal et le laid. Ainsi Balzac, G. Sand, dans quelques romans champêtres, Ohnet, dans le Maître de Forges, etc. ; ou des naturalistes qui, plus réalistes que la réalité, cherchent l’art dans la boue et ne choisissent leurs sujets artistiques que dans les bas-fonds de la société. Zola a donné à cet art, ou à cette science du laid réalisé ou idéalisé jusqu’à l’exceptionnellement laid, le titre suffisamment caractéristique de naturalisme, bien qu’il n’y ait rien de moins naturel que cette vie laide, vulgaire, exagérée et dénaturée. Ce n’est pas une évolution littéraire, c’est une révolution anarchique ; il y avait dépravation accidentelle dans la réaction réaliste, il y a dépravation absolue et voulue dans l’action naturaliste. Ce n’est pas seulement une négation de l’idéalisme ou une modification du réalisme, c’est la prétention à un progrès artistique correspondant à ce progrès scientifique qui met au rang des sciences l’anthropologie et la pédagogie : un romancier n’est plus un vulgaire littérateur, il est un expérimentateur moral. Un maître en naturalisme, dont, à ce titre, Zola se réclame souvent, a dit : « Cette phraséologie, toute en sonorité lexicographique, dissimule, dans les prétendues sciences philosophiques modernes, le système ancien du matérialisme augmenté de quelques variantes plutôt grammaticales que scientifiques. Le darwinisme, le rationnalisme, le