Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/149

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l’horreur qui le caractérise. Malheur à ceux qui l’entourent de roses ! leurs vues ne sont pas aussi pures, et je ne les copierai jamais. » Dans les deux auteurs, si ce ne sont pas les mêmes mots, à peu de chose près, c’est la la même pensée : corriger les mœurs en les peignant pires qu’elles ne sont, faire de la vertu, en délayant sur elle ce que le vice a de plus laid et de plus horrible. Le sadiste et le naturaliste pratiquent, on le voit, d’après les principes de la même méthode expérimentale ; ce ne pouvait être autrement, tous les chemins mènent à l’immoralité, quand la littérature n’est plus qu’une question d’argent. « L’argent, écrit Zola, qu’il faut toujours citer, comme exception à la règle générale (Roman expérimental, p. 190), l’argent a fait de l’ancien bateleur de cour, de l’ancien bouffon d’antichambre, un citoyen libre, un homme qui ne relève que de lui-même. Avec l’argent, il a osé tout dire, il a porté son examen partout, jusqu’au roi, jusqu’à Dieu, sans craindre de perdre son gain. L’argent a émancipé l’écrivain, l’argent a créé les lettres modernes (surtout le naturalisme). À la fin, cela m’enrage de lire, dans des journaux de jeunes poètes, que l’écrivain doit simplement viser à la gloire. Oui, cela est convenu, il est puéril de le dire. Mais il faut vivre. Si vous ne naissez pas avec une fortune, que ferez-vous ?… Battez-vous, mangez des pommes de terre ou des truffes, cassez