Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/157

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comme le sucre et le vitriol. » — « Le sens moral, affirme Zola (Roman expérimental, p. 243), n’a pas d’absolu ; il se déforme et se transforme, selon les conditions ambiantes. Ce qui est une abomination dans la bourgeoisie n’est plus qu’une nécessité fâcheuse dans le peuple. La vérité des peintures, la personnalité du style, voilà le roman moderne. » Le roman peut et doit être vrai sans se condamner à reproduire invariablement une réalité exceptionnelle et grossie. Zola idéalise le naturel jusqu’au monstrueux, jusqu’à l’horrible : les documents humains sont faux et imaginaires, les exceptions présentées comme règles, les crimes et les vertus comme nécessités héréditaires ou originaires, les lois supérieures et éternelles de la pudeur et de la décence violées, les détails professionnels et les milieux conventionnels outrés jusqu’à l’invraisemblance, et tous les personnages de ses romans, non seulement calomniés, mais incompris et dénaturés dans leur vie, dans leur langage et dans leur métier. Chaque spécialité lui reproche une bévue ou une ignorance dans les faits de sa compétence, mais l’admire dans celle qu’elle ignore : on lui reproche ce qu’il ignore de chaque métier, mais on le félicite de ce qu’on ignore soi-même. Cette profusion de mots scientifiques, ce déploiement pompeux de bannières chargées d’inscriptions sonores, ces descriptions techniques et ronflantes