Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/170

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lisme est d’essence l’art des peuples matérialistes et décadents.

Dans l’ordre moral, son influence éclate aussi désastreuse et plus palpable ; le dogme absolu de cette nouvelle école étant l’imitation exacte et complète du réel, mais du réel de la matière, du réel des sens et du réel de la chair, il ne peut logiquement en sortir que le culte de la nature, c’est-à-dire le sensualisme. Or, le sensualisme, ou le besoin de jouir de tous les plaisirs inhérents à notre nature, n’est-ce pas la négation de toutes les vertus, la radiation de tous les dévouements, et par conséquent l’excuse de tous les vices et l’encouragement à toutes les dépravations ? Le naturalisme, cette singerie de la nature, cette grimace de l’homme à Dieu, est un brevet s. g. d. g. accordé à tous les érotomanes qui veulent faire fortune. La route du progrès moral, du vrai progrès de l’humanité est toujours barrée par quelque doctrine ou par quelqu’un, et les grands élans de tous genres : scientifiques, littéraires, artistiques, philosophiques et politiques, sont annulés moralement et n’aboutissent qu’à une plus grande licence, parce qu’au point de départ on se sépare de Dieu et qu’on prend le chemin où il n’est pas. C’est l’histoire de tous les grands mouvements modernes, de la Révolution, du Romantisme, du Réalisme et du Naturalisme : 92 échoue en 93, le Ro-