Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/171

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mantisme tombe dans le Réalisme, celui-ci s’effondre dans le Naturalisme qui finit au Décadentisme pour sombrer dans l’Anarchisme. Cela est mauvais et cela devient pis, parce qu’il y manque Dieu. Sans doute, l’humanité marche, mais pour un pas qu’elle fait en avant, elle en fait deux de côté ; elle allonge son chemin, en niant deux vérités acquises pour une conquise : exclure Dieu de la nature, c’est éteindre toute lumière et toute vertu. La vérité, c’est la théorie de la vertu : la vertu exige Dieu, donc il est ; la vertu exige l’âme, donc elle est ; la vertu suppose la liberté, donc l’homme est libre ; la vertu suppose la récompense, donc immortalité de l’âme. Tout ceci constitue la vertu, le bien moral. L’effort moral prend alors un sens parce qu’il a un but : il devient l’acte humain, l’acte raisonnable, l’acte bon qui est le contraire du vice. Toutes ces questions semblent s’éloigner du naturalisme et pourtant elles en sont l’âme, précisément parce que cette école littéraire la nie ou semble l’ignorer. S’il y avait un Dieu et une âme dans ce réel et dans cette nature, l’écrivain n’oserait jamais les insulter jusqu’à nous les peindre dans ce qu’ils ont de plus ignoble et de plus répugnant. On ne peint pas une toile avec de la boue, on ne dresse pas une statue dans le ruisseau, on n’écrit pas un livre avec des ordures, l’art est plus élevé.