Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/178

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me creuser la cervelle, la tête dans les mains, j’y perds mon latin et je n’arrive à rien. C’est pourquoi j’ai pris le parti de ne jamais m’occuper du sujet. Je commence à travailler à mon roman sans savoir ni quels événements s’y dérouleront, ni quels personnages y prendront part, ni quels en seront le commencement et la fin. Je connais seulement mon personnage principal, mon Rougon ou mon Macquart, homme ou femme, et c’est une vieille connaissance. Je m’occupe seulement de lui, je médite sur son tempérament, sur la famille où il est né, sur ses premières impressions et sur la classe où j’ai résolu de le faire vivre. C’est là mon occupation la plus importante : étudier les gens avec qui ce personnage aura affaire, les lieux où il devra vivre, l’air qu’il devra respirer, sa profession, ses habitudes, jusqu’aux plus insignifiantes occupations auxquelles il consacrera ses moments perdus. » À cela, Paul Alexis ajoute (Émile Zola, notes d’un ami, p. 157) : « C’est donc par l’étude des milieux que débute Zola. Ainsi je l’ai montré, lorsqu’il écrivait Nana, assistant aux premières représentations, étudiant les coins et les recoins d’un théâtre, visitant la loge d’une actrice et l’hôtel d’une fille, allant voir courir le Grand Prix. Pendant ce temps, il observe, interroge, devine, toujours le crayon à la main. »

M. de Amicis continue à faire parler notre auteur :