Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/191

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nages devait nous mener à des questions autrement graves.

— Vous ne m’étonnez point, poursuivit M. Zola, en me parlant de cette légende. Il y a longtemps qu’elle a cours. Dès 1868, c’est-à-dire avant la chute de l’Empire, tout le plan des Rougon-Macquart était préparé, arrêté. Dans Madeleine Férat vous pourrez trouver l’idée que j’avais déjà de faire la physiologie d’une famille. À cette époque, j’avais lu l’Hérédité naturelle du docteur Lucas et les ouvrages de physiologie de Claude Bernard. J’avais été vivement frappé de leurs théories. La Conquête de Plassans a paru avant la guerre. Pouvais-je prévoir que la chute dût arriver à si courte échéance ? Évidemment non. Cela n’a point empêché et n’empêche point encore le public de voir M. Rouher dans S. Ex. M. Rougon.

J’avoue qu’Eugène Rougon ressemble étrangement à Eugène Rouher, mais il n’en est pas moins vrai que j’ai choisi le nom de Rougon parce qu’il est très commun dans le Midi et qu’il sonne agréablement à l’oreille, et que j’ai pris le prénom d’Eugène absolument au hasard, comme j’eusse pu prendre Oscar, Émile, Edmond ou Pancrace. Cependant, le public n’admettra jamais cela. Il s’emparera de trois ou quatre traits d’esprit ou de caractère qui sont incontestablement communs à M. Rouher et à Eugène Rougon, — et le reste lui importe peu ! Eugène