Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne sentent pas qu’ils ont l’unique besoin du génie et de la gloire. Et lorsqu’ils ont mis debout leur monument, la foule béante les accepte dans leur nudité superbe, comprenant enfin. Je ne souhaite de la morale à personne ; mais je souhaite même à mes adversaires beaucoup de talent, ce qui serait beaucoup plus agréable pour nous… On est très coupable quand on écrit mal ; en littérature, il n’y a que ce crime qui tombe sous mes sens. Je ne vois pas où l’on peut mettre la morale lorsqu’on prétend la mettre ailleurs. Une phrase bien faite est une bonne action. Pour moi l’ignoble commence où finit le talent. Je n’ai qu’un dégoût, la bêtise » (Roman expérimental, p. 366). Ce passage me renverse, et il y en a bien d’autres tout aussi forts ; je ne sais que penser, ou de tant de bêtise, ou d’autant d’orgueil et de cynisme ! Est-il fou ; est-il conscient ? S’il est fou, et je le lui souhaite, qu’on lui mette des compresses de l’Assommoir, qu’on roule sa Bête humaine sur la Terre ; qu’on lui frotte le Ventre de Paris avec l’onguent à Pot-Douille et qu’on attende la Débâcle ; il aura encore la Joie de vivre sans l’Argent de Nana, avec le Rêve d’écrire dans une Page d’amour la Faute de l’abbé Mouret ; mais s’il est conscient, qu’on le marque à l’épaule ou au front d’un phallus chauffé à blanc : il a insulté l’amour, l’amour le frappe, c’est justice. Dans l’un ou l’autre cas, virus naturaliste ou spé-