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accordez, aux dépens de vos semblables, vous impose de croire à une âme et de vous demander si vous avez fait tout ce qu’il fallait faire pour le sauver du mal, pour le protéger contre ses passions et le défendre contre le crime. De quel droit, si vous croyez que l’homme n’est qu’une machine pensante et agissante qui se détraque entièrement dans la mort, vous permettriez-vous de la jeter dans le néant ? Vous pouvez prendre des précautions préventives contre cette matière qui nuit à la vôtre, mais vous ne pouvez, sans commettre de sang-froid le même crime, la tuer parce qu’elle a tué. Si vous retranchez Dieu, vous n’avez plus le droit de retrancher l’homme, votre semblable. Le crime d’un homme est presque toujours le crime des autres hommes. Vous êtes la cause, ne punissez pas l’effet. La science doit être bonne et utile et perfectionner l’homme ; toute science qui ne produit que du mal n’est plus une science, elle est un mal ; or, que faites-vous, en ce siècle qu’à plus d’un titre vous nommez fin de siècle ? Vous instruisez, mais vous n’enseignez pas, ou vous enseignez le mal ; vous avez, par les progrès scientifiques, ouvert mille appétits nouveaux à la passion humaine ; vous l’avez mise en face et aux prises avec les convoitises les plus indépendantes et les aspirations les plus folles, et, au lieu de songer à la sauvegarder, par l’enseignement