Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/42

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Il finit par s’endormir, en songeant au beau roman moderne qu’il y a à écrire sur les chemins de fer. »

Voilà une journée minutieusement expliquée et régulièrement remplie ; mais eût-elle satisfait Marc-Aurèle, j’en doute. Au point de vue de l’idéal, il n’y a rien, et au point de vue du naturalisme, je n’y trouve aucune trace de ces fonctions naturelles de l’individu que le maître se garde bien d’oublier et de négliger dans ses œuvres. Quel luxe de détails intimes et quel abus des trivialités les plus indiscrètes ! L’homme qui accepte un semblable déshabillé et l’ami qui se le permet méritent tous deux le ridicule de leur admiration réciproque.

Si ennuyeux que soit ce long encensement de trois admirateurs du dieu-nature, je ne pouvais l’épargner à mes lecteurs ; il leur révèle le caractère déterministe du maître et des disciples, de l’école et des élèves. C’est, au reste, un spécimen précieux du genre descriptif de messieurs les naturalistes et de leur procédé d’observation. Pour présenter un document humain, dans ses évolutions sociologiques, analyser une passion et fouiller un caractère, ils bâtissent, pierre à pierre, une maison, distribuent géométriquement chaque pièce, inventorient chaque meuble, comptent toutes les fleurs des rideaux, soulèvent toutes les tapisseries, déclouent tous les tableaux, pèsent tous les