Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/251

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Et l’air léger vous apaise
Sur les gazons non foulés.

De l’aigle et de la lumière
Ce mont est le vrai séjour ;
Il est fait pour la prière,
Pour la vertu libre et fière…
Il est fait pour votre amour.

Les oiseaux, la brise et l’onde
Entendront seuls votre aveu ;
Ma forêt vierge et profonde
Vous cache aux regards du monde,
Mais vous laisse voir à Dieu.


KONRAD.

Comme on respire bien sur nos Alpes sublimes ;
Leur souffle est plein de force et de sages conseils.
Lorsqu’on rêva d’atteindre aux héroïques cimes,
Qu’on est bien, pour aimer, sous ces chastes soleils !

Livre, ô blanche Yung-Frau, livre-nous ton domaine ;
Soutiens, sur les degrés d’azur et de cristal,
Porte, comme une sœur, l’ange que je t’amène.
Elle est digne d’avoir ton front pour piédestal.

Comme ta neige vierge où l’aigle seul s’abreuve,
Son amour, éteignant l’ardeur des faux plaisirs,
Verse au cœur, à travers les sentiers de l’épreuve,
Un torrent qui l’exalte en ses nobles désirs.