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LES DEUX PORTRAITS.




II


LA GRAND’MÈRE



Notre secours est là, dans l’aïeule en prière,
Dans l’âme qui respire en ce divin portrait,
Dans le profond amour qui luit sous sa paupière,
Dans ses douleurs de sainte où le ciel apparaît !

Quand le peintre — un ami digne de la connaître —
Qui m’avait vu pleurer, qui la voyait souffrir,
Pour l’immortaliser prit son pinceau de maître,
L’Éternité pour elle était prête à s’ouvrir.

L’espoir déjà perçait sous son inquiétude ;
Elle nous voyait tous vivants et rachetés ;
Sa souffrance expirait dans la béatitude,
Car devant Dieu ses pleurs avaient été comptés.

L’art n’a rien oublié dans cette image d’elle.
Tout son amour de mère en ses yeux est écrit ;
Et l’on prend ce portrait, si simple et si fidèle.
Pour la Madone en pleurs aux pieds de Jésus-Christ.

Invoquez-la ! Jamais une mère, une sainte,
N’eut dans un cœur plus humble un amour plus profond ;