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LES DEUX PORTRAITS.


Elle est deux fois ma mère et l’auteur de ma vie !
Elle m’a mis au monde et tiré du tombeau.
Elle m’a donné tout : la foi que j’ai suivie
Et l’amour qui m’entraîne à voler vers le beau.

Des dons que j’en reçus je suis fier… et je tremble
D’avoir en fruits mauvais dissipé cette fleur !
Mais puisque vous m’aimez, c’est que je lui ressemble,
Et que vous avez tous pris un peu de son cœur.

C’est qu’elle habite en nous, c’est qu’elle n’est pas toute
À ce ciel où ses fils n’atteignent pas encor,
Qu’elle nous veut conduire et soutenir en route,
Que son âme est restée où restait son trésor.

C’est elle qui bénit, invisible patronne,
La maison toujours pleine et les enfants nombreux,
Et des douces vertus qui formaient sa couronne
Y maintient le parfum et le répand sur eux.

Soyons à son exemple, à son culte fidèles,
Aux plus humbles devoirs assidus chaque jour,
Afin d’aller ensemble, emportés sur ses ailes,
Rejoindre les aïeux dans l’éternel amour.


Février 1875.