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LE LIVRE D’UN PÈRE.

Et plus tard, servant ton pays,
Tu seras ferme sous les armes.

Exempt d’intrigue et le front haut,
Tu devras conquérir tes grades,
En passant gaîment, s’il le faut,
Après tes jeunes camarades.

Sache applaudir de bonne foi
Le mérite qu’on te préfère.
Si d’autres l’aiment plus que toi,
Tant mieux pour la France, ta mère !

Garde la devise des tiens,
De ton aïeul qui fut mon maître,
Et redis comme nos anciens :
« Il vaut mieux être que paraître. »

Vous serez soldats, chers enfants !
Peut-être, après mainte souffrance,
Un jour, vaincus ou triomphants,
Il faudra mourir pour la France.

Alors je serai, grâce à Dieu,
Là-haut ou ma mère est allée ;
Mais mon âme avec vous, au feu,
Redescendra dans la mêlée.

Vous me sentirez près de vous.
Quand sonneront à votre oreille,
Pour vous exciter aux grands coups,
Quelques mots du divin Corneille.