Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/128

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J’irais, comme une sœur du peuple harmonieux
Qui vole et qui babille,
Saluer avec lui chaque aube dans les cieux,
Si j’étais jeune fille.

Sans avoir demandé le secret de la foi,
Sans connaître le doute,
Comme une eau qui s’enfuit sur sa pente, ainsi moi,
Je courrais sur ma route.
Si le siècle s’agite en des nuits sans sommeil,
Si nul phare n’y brillé,
Je l’aurais ignoré !… Je verrais le soleil,
Si j’étais jeune fille.

L’air des champs me ferait rêver, rire ou sauter,
Tout heureuse de vivre ;
La fauvette serait-mon seul maître à chanter,
Les prés seraient mon livre ;
Comme en un frais écrin je ferais là mon choix ;
Et sous une charmille,
J’irais parer ma lyre avec les fleurs des bois,
Si j’étais jeune fille.

La cigale aux bluets parle dans les sillons,
Aux grands blés l’alouette ;
L’âtre se réjouit d’écouter les grillons :
Car tout a son poëte.
Moi, je serais, — bien mieux qu’un écho des docteurs. —