Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/145

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Le sein de la montagne, en proie à ces ardeurs,
Se ronge et se consume ;
Il exhale à ses pieds les impures odeurs
Du soufre et du bitume.

Telle est la passion : brillant foyer d’abord,
Chaleur, clarté sans ombres :
Puis sa lave se change, au cœur dont elle sort,
En cailloux durs et sombres.

Et, si vient quelque enfant par l’éclair abusé,
Il tombe au noir cratère,
En respirant, du mont que la flamme a creusé,
Un souffle délétère.


II

Préfère donc, mon âme, à cette cime en feu,
Dont l’éclair n’est qu’un piège,
Le sommet froid et pur, paré, sous un ciel bleu,
D’un long voile de neige.

Son rempart de glaciers t’épouvantait d’abord,
Sa froideur te repousse :
Mais ses pieds sont fleuris, mais un flot clair en sort
Et coule dans la mousse,