Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/146

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Sitôt que le soleil, de ses lèvres d’amant
Portant la vie en elles,
Rougit sous ses baisers et presse doucement
Les neiges éternelles.

Ce mont n’a pas de feux, mais pas de gouffre obscur,
Pas de cendres éteintes :
Mais les rayons du ciel embrasent son front pur
De leurs plus vives teintes ;

Il emprunte d’en haut tout l’éclat dont il luit ;
Sa blancheur se colore
De l’or ardent du soir, du bleu pur de la nuit,
Des roses de l’aurore ;

Ses pieds sont revêtus du frais émail des prés ;
Et ses flancs, pour ceinture,
Ont la chaste forêt où les chênes sacrés
Grandirent sans culture ;

Où le neigeux ravin, tout en fleur au printemps,
Nous offre un lit suave…
Mais le mont plein d’éclairs se hérisse, en tout temps,
De scorie et de lave.

Or, quand tout flot tarit, éternel réservoir,
Source où l’été s’abreuve,