Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/163

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Aux coups d’un vent aigu, frissonne
Sous ses longs fils de givre blanc.

Mais la feuille, encore amassée
En tapis, au bord du chemin,
Offre à ta rêveuse pensée
Un doux sentier jusqu’à demain.

Là, tu peux, d’un pas qu’elle allège,
Suivre encor tes lieux favoris,
Avant que la fange ou la neige
Du passé couvre les débris.

Viens saisir à leur jour propice,
Par la brume à demi voilés,
Les murs que le lierre tapisse
Et les vieux donjons écroulés.

Quand l’essaim des feuilles jaunies
Tourbillonne encor sur les bois,
C’est une heure où les agonies
Ont encor quelques douces voix.

Avant de plus mornes bruines
Viens donc, sans attendre le soir,
Si tu veux revoir tes ruines
Sans blasphème et sans désespoir.