Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/174

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Quand tu creusais leur source amère.
Moi, je t’en demandais pardon
De ces pleurs, objets de colère
Et prétextes de l’abandon.

Dans ma tombe, encor, je le jure,
Ces plaintes de mon cœur aimant
Sont envers toi ma seule injure…
Va ! moi, j’aurais été clément.

Tu semblais toujours te défendre
D’un oppresseur sombre et fatal ;
Comment donc un amour si tendre
Pouvait-il faire tant de mal ?

En retour de toute ma vie,
T’ai-je demandé rien de plus,
Sans soupçons, sans jalouse envie,
Qu’un peu de tes jours superflus ?

Une des heures dépensées
Dans l’orgueil et ses faux plaisirs
Eût illuminé mes pensées
Et comblé mes humbles désirs.

Tu m’accordais, triste chimère,
Parfois, dans un transport soudain,
Quelques moments d’ivresse amère
Que j’expiais par ton dédain ;