Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/289

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Guérir le mal dont je succombe,
Mon âme a déjà pris l’essor ;
J’ai les ailes de la colombe.
J’arriverai ! dussé-je encor
Franchir l’épaisseur de la tombe !


Mais là-bas, arrêtés au milieu du sillon,
Les bouviers, à genoux, plantent leur aiguillon.
Tandis qu’au-dessus d’eux les corbeaux et les cygnes
Dans les sentiers du ciel passent en longues lignes,
Sur la feuille jaunie un cortège nombreux
Serpente, au bord du bois, le long du chemin creux :
C’est la famille en deuil et d’amis entourée
Qui porte au champ des morts l’aïeule vénérée.

Les voilà disparus dans le funèbre enclos,
Et déjà l’on entend, au milieu des sanglots,
— Le prêtre ayant fini son oraison dernière, —
La terre, — ô bruit affreux ! — retombant sur la bière.

Or, seuls dans leur sentier, revenant à l’écart,
Les époux l’un de l’autre ont cherché le regard.


FRANTZ


Ah ! je voudrais verser mon âme tout entière
Au sillon que voilà ;