Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/377

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Les miasmes impurs, les morsures de l’air,
Les invisibles dards dont la nuit nous pénètre
N’atteignent pas son sang et glissent sur sa chair,
Comme sur l’écorce des hêtres.

Il combat, seul à seul, près du ravin béant,
L’ours au poil hérissé, qui recule et qui gronde ;
Il sait, au jour fatal, de l’orgueilleux géant
Percer le crâne avec sa fronde.

L’esprit de Dieu, souvent, a suscité sa voix,
Et la harpe obéit à cette main hardie ;
Et le rude pasteur lance, à travers les bois,
La prière et la mélodie.

Ainsi, quand le printemps met la sève en éveil,
Le vieux chêne attendri se dilate en sa force,
Et l’arbre aux flancs noueux fait jaillir au soleil
Un miel blond de sa noire écorce.


Mais nous, ô voyageurs, plus haut ! montons encore
Cet escalier des monts par où descend l’aurore.

Les plus âpres sommets et le front le plus fier,
Où les noirs ouragans grondaient peut-être hier,