Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/63

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Les feuilles devant moi volent en tourbillons ;
Un brouillard glacial étend sur les sillons
Sa blancheur monotone.

Adieu, tièdes zéphyrs aux murmures discrets !
C’est la bise insolente ; elle arrache aux forêts
Des cris de mille sortes.
Je l’entends qui nous raille en ses longs sifflements…
Et j’ai fait, sous mes pieds, comme des ossements,
Craquer les branches mortes.


ADAH


Je m’éveille au milieu du lointain univers
Où tu m’as entraînée.
Je cherche autour dé moi, dans nos jardins déserts ;
J’y suis abandonnée !

Que me font ces fruits d’or dérobés sur ta foi
Pour les goûter ensemble ?
Que me font ces beaux lieux où j’aspirais pour toi ?
J’y suis seule et je tremble.

Pauvre cœur, à jamais exilé de l’amour,
Mon supplice commence.
Pourrai-je sans mourir traverser tout un jour
Ma solitude immense ?