Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/73

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Je ne demandais pas à ta douce magie
De verser à mon cœur des songes superflus ;
J’invoquais, pour tout bien, la froide léthargie.
Heureux qui dort sans rêve et ne s’éveille plus !

Je bornais là mes vœux. Je ne dois plus entendre
Ce vain nom du bonheur, sans objet, sans échos :
Si Dieu même, ici-bas, s’offrait à me le rendre,
Je le refuserais ! J’ai besoin du repos.


LA NEIGE


Tombe sans bruit, neige éternelle ;
Couvre de ton linceul ces prés jadis si verts.
Tombe sans bruit, neige éternelle,
Sur ce corps où brillaient tant de charmes divers,
Sur cette âme qui fut si belle.
Tombe sans bruit, neige éternelle,
Enveloppe à jamais ce corps et l’univers.

Tombe sans bruit, neige éternelle,
Étouffe, en même temps, la crainte et le remords.
Tombe sans bruit, neige éternelle,
Interdis le réveil à tout ce qui s’endort,
Au souvenir vivant chez elle….
Tombe sans bruit, neige éternelle,
Et fais régner partout le silence et la mort.