Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/74

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ADAH


Bien ! je vois s’effeuiller, avec mon dernier rêve,
Tout ce qui fut mon cœur, mes regrets, mes désirs.
Voici le vent d’oubli qui souffle et vous enlève ;
Tombez avec la neige, ô derniers souvenirs !

Allez où va la voix quand les lèvres se taisent,
Où vont en s’éteignant les rayons du soleil.
Bien ! d’un sang tiède encor les orages s’apaisent,
Tout est rentré dans l’ombre, et je tiens mon sommeil.


CHŒUR DES TÉNÈBRES


C’est pour nous qu’ont fleuri les roses de l’aurore,
Pour nous tous ces fruits d’or que le soir voit éclore,
Pour nous chaque rayon qui sourit dans les cieux,
Chaque regard d’amour qui brilla dans vos yeux.
Tout revient à la nuit solitaire et profonde.
Ton règne, ô sombre hiver ! s’est levé sur le monde ;
Viens couvrir de tes flots sans forme et sans couleur
Ces germes inquiets de vie et de chaleur ;
L’espace ouvre son lit à tes ondes funèbres :
Roule en paix sur la neige, océan des ténèbres !