Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Rien n’est pensée au fond des forêts où j’entends
La parole suprême ;
Rien n’est amour ni joie en tes fleurs, ô printemps !
O toi par qui l’on aime !

Cependant écoutez : — Sur le chemin du cœur
Il est des jours de vide
Où, dans l’or le plus pur, toute humaine liqueur
Trompe la lèvre avide ;

Où, brisé par le monde, incapable d’effort,
Lé penseur sur son livre,
L’amant sur son amour, croyant que tout est mort,
Veut renoncer à vivre.

C’en est fait ! feuille et fleurs sèchent en un moment ;
Le sève a quitté l’arbre ;
Le dernier flot tarit, et ta main vainement
Frappe ton front de marbre.

Tes poètes aimés, tes peintres, et, le soir,
L’archet qui nous enlève,
Plus rien d’humain ne rend à ton cœur un espoir,
A ton esprit un rêve !

Tu vois tout à, travers une froide vapeur ;
Tu passes lent et sombre ;
Ta vie, objet pour tous d’ironie ou de peur,
Est le rêve d’une ombre.