Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/89

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C’est lui qui te dérobe et doit suivre ta loi ;
Il n’est beau qu’en portant imprimé sur sa face
Un peu de l’infini qui rayonne de toi.


ADMÈTE


L’homme n’est jamais seul dans les lieux solitaires ;
J’y sais mille témoins des amoureux mystères.
Chaque arbre et chaque flot a son hôte divin.
J’ai surpris dans les bois la Nymphe et le Sylvain.
Sous l’écorce, j’ai vu le Faune en embuscade
De ses longs bras tortus enlacer la Dryade.
Les Tritons argentés, lés Nymphes aux yeux verts,
Souriant au pêcheur, s’ébattent sur les mers.
J’ai vu mes gais chevreaux et mes brebis paisibles
Souvent bondir au son de pipeaux invisibles ;
Puis un Satyre, au loin, apparaissait dansant.
J’ai vu, parfois, glisser sur l’herbe, au jour naissant,
La Napée y semant le safran et la rose.
Pareils à nous, ces dieux nous donnent toute chose ;
Nous leur devons la flûte avec l’art des chansons,
Et surtout de l’amour les fécondes leçons.


ERWYNN


L’ineffable habitant qu’enveloppe le monde
Sous mille aspects divers est le même en tous lieux ;