Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/107

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Et son courroux de fer aiguisé par l’injure,
Le meurtre s’accomplit, œuvre de la luxure
Et des philtres dont Eve, aux lèvres du démon,
Sous l’arche de l’Éden, a suce le poison.


V

Le bourreau, se montrant sur le seuil de la salle,
Abaisse un large fer dégouttant sur la dalle,
Et tient, de l’autre main, le vase horrible à voir,
Où, parmi les caillots d’un sang épais et noir,
Le col rouge et fluant, une tête coupée
Vacille à chaque pas du sombre porte-épée ;
Il vient lent et stupide, il présente à l’enfant
L’affreux don, accueilli d’un geste triomphant.
La vierge aux tresses d’or sur le disque se penche,
Dans les cheveux crépus enfonce une main blanche,
Lève, non sans effort, mais la paix sur le front,
Le poids lourd à son bras de la tête sans tronc,
Sourit en l’attirant, et sur ces traits livides
Promène des regards restés sereins et vides ;
Puis vers le lit royal, fière, se retournant,
Tend cette face aux yeux d’Hérode frissonnant.
Les nerfs vibrent toujours sous les chairs convulsives ;