Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/143

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Faits de douze couleurs, de douze diamants ;
Où jamais n’est entré rien de tout ce qui rampe,
Où l’esprit est le temple, où l’amour est la lampe,
Et qui porte en son ciel, toujours pur et vermeil,
La gloire du Seigneur pour lune et pour soleil.

Tout, donc, lui fut montré dans cette courte extase ;
Mais lui-même à sa lèvre arrachant le doux vase,
Et quittant le festin par les anges servi,
Il reprit le sentier précédemment suivi,
L’âpre et l’étroit sentier qui bientôt le ramène
Aux labeurs acceptés de l’existence humaine.
Il rentre sous le toit de l’artisan obscur ;
Il reprend les outils qui tapissent le mur,
Et rompt le pain grossier qui l’attend sur la table
Entre le plat d’argile et la coupe d’érable.


VIII

Nul ne veut de ton joug que le Christ a porté
Et chacun te blasphème, ô sainte pauvreté !
Le sage même, épris des luttes qu’il surmonte,
T’appelle une douleur et le riche une honte.