Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/184

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Tels, au désert, le soir d’un jour de sécheresse,
Les brebis et les bœufs serrés près du pasteur,
Tandis que du grand puits l’eau monte avec lenteur,
Attendent, haletants et chargés de poussière,
Le flot qui va jaillir dans les auges de pierre.

Et de la source vive, où nul ne boit en vain,
Le pasteur à leur soif versait le flot divin.


III

Or, l’humble femme avant tout ce peuple abreuvée,
Celle par qui la source avait été trouvée,
Ramenait sur ses pas, ô pasteur jusqu’à vous,
L’homme qu’elle n’osa nommer du nom d’époux ;
Mais tous deux, consultant la voix intérieure,
Pouvaient du nom d’époux se parer à cette heure,
Et d’un chaste lien faisant le fier aveu,
Affronter les regains des hommes et de Dieu.
Car dès lors en leur âme avait coulé cette onde,
Mystérieux torrent qui lave et qui féconde,
Qui ravive le cœur dans l’homme rajeuni,
Et peut seul étancher notre soif d’infini.