Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/190

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A ce foyer exempt de tout luxe frivole
Vous apportiez, Seigneur, le pain de la parole.

Vous les aimiez tous trois ! Lazare ferme esprit,
Fidèle à faire en tout selon qu’il est écrit,
Conduit à votre loi par l’amour de l’ancienne ;
Les pauvres pour fortune avaient toujours la sienne.
Vous l’aimiez ! dans ses yeux et sur son front penseur
Siégeaient en même temps la force et la douceur,
Homme à qui vous pouviez parler sans paraboles,
Dont l’âme conservait le grain de vos paroles,
Et qui faisait fleurir, mieux que les plus fervents,
L’esprit de vos discours en des actes vivants.

Dès qu’on vous espérait, par les soins des deux femmes,
La maison reflétait la parure des âmes ;
Ornés, partout, de fleurs, de tapis éclatants,
Les murs vous témoignaient l’amour des habitants ;
Les plus beaux fruits, choisis lentement sur chaque arbre,
Couvraient la nappe blanche et les tables de marbre ;
L’urne antique sortait de l’ombre des celliers.
La joie était partout ; les oiseaux familiers
Chantaient et voltigeaient et semblaient vous connaître,
Et les chiens faisaient fête à l’ami de leur maître.
Tous les vieux serviteurs hâtaient leurs pas tremblants ;