Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/218

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Dans sa gloire il pleurait ! d’où vient donc qu’il oublie
Et l’orgueil du triomphe et son œuvre accomplie ?
Maître, n’étiez-vous pas au solennel moment
Dont tout homme créé chérit l’enivrement !
Alors qu’un peuple entier, vibrant de vos doctrines,
N’a qu’un seul cœur qui bat dans toutes les poitrines ;
A l’heure où de l’esprit le fidèle ouvrier
Peut au bout des six jours comme Dieu s’écrier ;
Où vous avez dû voir, plus heureux que Moïse,
La terre tout entière à vos autels promise ;
Où l’artiste sacré, s’il se compare aux rois,
Bénit Dieu de son lot, même y compris la croix ;
Où l’orgueilleux poëte, enflant sa voix fragile,
Attache le laurier à ses faux dieux d’argile,
Et, mesurant leur vie à ce qu’ils ont coûté,
Au verre a de l’airain promis l’éternité !

Oui, vers vous s’élançait l’hosanna populaire,
Et ces intimes voix, mieux faites à vous plaire,
Les soupirs des pécheurs amoureux et contrits,
L’hymne des cœurs blessés que vous avez guéris.
Vous pleuriez cependant… mais non point sur vous-même !
Non ! sous ces oliviers, lieu du combat suprême,
En face du Calvaire, ô Jésus, ô bonté !
Vous pleuriez, non sur vous, mais sur votre cité,