Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/242

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On dresse sur l’étal la chair des hécatombes ;
        L’arche est ouverte sans remords ;
On y vole la manne, on fouille dans les tombes
        Pour exploiter les os des morts !
On arrache l’ivoire et l’or pur de la lyre,
        Et l’on jette le reste au feu !
O temple, qu’a-t-on fait de tes blocs de porphyre
        D’où l’on gratte le nom de Dieu ?
On t’a prostitué ! L’esprit d’en haut le quitte,
        Le lucre est l’idéal nouveau ;
A peine, en ce moment, quelque rare lévite
        Offre un culte pur au vrai beau !
O honte !… oh ! prends le fouet, frappe, écrase l’impie,
        Brise à grands coups son crâne épais,
Ton courroux fait ta gloire, et Dieu le sanctifie,
        Homme d’amour, homme de paix !

Ah ! trafiquants maudits, prêtres de l’avarice,
        Dont l’âme est un coffre béant :
Que vos vœux exaucés fassent votre supplice.
        Vivez avec l’or et l’argent !
Que Dieu vous paye en or ce qu’il doit à chaque être
        Des moissons de sa charité ;
La part qui vous revient dans le droit de connaître
        Et d’aspirer à sa beauté !