Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/257

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L’homme a fourni les pleurs et la terre le baume :
Tous les deux vous offrant leurs présents les meilleurs,
La nature ses fleurs, et l’âme ses douleurs ;
Puis, versant tous les deux sur vos traces sereines,
Ce que vous avez mis de plus pur dans leurs veines !

Larmes ! trésor vivant, perles de vérité !
Seul don qu’offre le cœur sans l’avoir emprunté !
Baume que le soleil fait monter goutte à goutte
Et surnager de l’âme en la consumant toute !
Vin que fait du palmier jaillir un fer blessant,
Dernier présent du tronc qui meurt en le versant !
O larmes, ô parfums des paupières écloses !
Parfums, esprits vivants tirés du fond des choses,
Essor de la matière à l’immatériel ;
Fontaine où, Dieu s’abreuve, air qu’on respire au ciel !

Hôtes mystérieux des tombes solennelles,
Parfums, éternité des reliques charnelles !
Éther incorruptible en qui la beauté vit,
Où toute forme pure à la mort se ravit ;
Esprits qui défendez de toute lèpre immonde
Les corps dans le sépulcre et les cœurs dans le monde !
Huile qui fait briller les lampes jusqu’au jour !
O principe de vie aussi fort que l’amour !