Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/26

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et de grossières parfumeries. Au lieu de ces diadèmes de carton doré, nous avons essayé de rendre à la Muse chrétienne son diadème véritable, la couronne d’épines. En ce moment, où les dévotions de fantaisie prédominent sur la sérieuse piété, il importe de rétablir dans les esprits au-dessus de toutes les vaines images, la sainte figure de la croix, et de présenter aux hommes le christianisme par son aspect héroïque. Voilà pourquoi l’idée de la douleur, de la douleur fécondée par l’amour, revient si souvent dans notre livre en opposition à ce culte des jouissances, prêché par les sectes antichrétiennes, et pratiqué par la société tout entière.

Il y a dans ces poëmes, nous le confessons, bien des larmes et des plaintes étouffées ; l’auteur s’est trop souvenu, peut-être, qu’au moment de l’épreuve, Jésus lui-même a prié son Père de retirer l’amer calice. Et cependant, nous en avons la ferme conscience, à quiconque lira ce livre avec sincérité, nos vers n’inculqueront jamais le découragement et la faiblesse ; ils sont dictés par une ferme et chrétienne résignation. Ce mot pour nous ne veut pas dire indifférence ou passif recueillement. Loin de nous l’idée d’absorber les âmes dans un tête-à-tête avec la douleur, même en l’ennoblissant par la présence de Dieu. Nous l’avons dit déjà : les méditations et les prières qui composent ce livre ne s’enferment pas dans le cercle de la vie mystique. Sans oublier jamais cette patrie idéale dont la patrie terrestre n’est que la figure et l’apprentissage, c’est aux affections, aux combats, aux souffrances de la cité et de la famille que nous avons mêlé la religion et demandé la poésie. Nos paroles auraient bien trompé notre pensée, si en invoquant