Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/272

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Elles suivent le Christ et pleurent en silence ;
D’affreux soldats, en vain, du bâton de la lance
Les frappent ; ni les coups, ni les cris outrageux
N’éloignent du pasteur le troupeau courageux.
Lorsque Jésus s’arrête et regarde en arrière,
Il rencontre leurs yeux et les voit, en prière,
Épier, à genoux, l’instant de l’approcher,
Marcher dès qu’il se lève et se met à marcher,
Et poser à l’envi leurs lèvres sur les places
Où de ses pieds l’amour a reconnu les traces.
Elles montent courbant la tête et ramassant
Les cailloux des sentiers qu’il a teints de son sang ;
Sur le large rocher, s’il en pleut quelques gouttes,
Leur voile les essuie et les conserve toutes ;
Les gazons qu’il rougit sont cueillis brin à brin.

Tels, lorsque le semeur vient semer le bon grain,
Tous les oiseaux du ciel dans son sillon le suivent
Prenant de la semence une part dont ils vivent.
Vous, ainsi, dans ce champ où le Christ a voulu
Semer une moisson dont pas un n’est exclu,
O femmes, amassant un trésor de bonne heure,
Vous avez pris la part première et la meilleure !