Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/281

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Couvrez de vos manteaux les chemins quand il passe ;
Étanchez la sueur et le sang de sa face.
De l’accent le plus doux qui du cœur peut sortir,
Adorez, consolez le chaste et beau martyr ;
Et d’un culte si tendre entourez son supplice,
Que dans l’oubli du mal son heure s’accomplisse.
Son sang vous a donné le baptême d’amour :
O femmes ! vos grandeurs commencent à ce jour !
Avant qu’en votre cœur eût germé l’Évangile,
Des lis épanouis dans ce vase fragile,
D’un doigt capricieux cueillant les voluptés,
L’homme ignorait encor vos plus douces beautés.
Vos larmes n’avaient pas la majesté sévère
Et le don de guérir qui date du Calvaire.
Vous-mêmes n’avez su, pour la première fois,
Ce que vaut votre cœur, qu’au pied de cette croix ;
Aussi, toujours fidèle à celui qui là porte,
Pour toutes ses douleurs votre tendresse est forte ;
Toujours, pour alléger de vos mains son fardeau,
Près de lui vous marchez de la crèche au tombeau.
A genoux, aujourd’hui, sur les pierres funèbres,
Jusqu’à l’heure qui doit dissiper nos ténèbres,
Vous veillez et priez, répandant sur son corps
Ce baume précieux qui conserve les morts.