Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/290

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Sont des lits de cailloux où roule une eau sans digues.
Sur la plaine et les champs, à jamais recouverts,
Les fétides marais étendent leurs flots verts.
Les reptiles fangeux, les fièvres et les pestes
Éclosent par milliers des miasmes funestes.

Or, pour dompter encor les fléaux souverains,
Les peuples ont perdu la force de leurs reins ;
Leur chair, ivre toujours, dans sa lourde fumée
Éteint cette science à l’orgueil allumée.
Le sang est appauvri, bu par les passions ;
Le flot va décroissant des générations.
Toute raison pâlit ; toute beauté s’efface.
Le seul pouvoir du mal survit chez cette race.
Plus faibles sont les corps, plus les cœurs vicieux
De forfaits inconnus épouvantent les cieux.

Alors, dans notre monde, où le soleil s’éclipse,
Commencera des temps la sombre Apocalypse ;
Ces prodiges sans nom, ce déluge de maux
A Jean le bien-aimé révélés dans Patmos.

Sept Anges ont versé sur les eaux et les plantes
Des colères de Dieu les sept coupes sanglantes.
Sur la terre maudite à ses quatre horizons