Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/293

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Mais rien ne coulera de vos yeux éperdus,
Hors vos venins sur terre aujourd’hui répandus.
Ravalant le poison qu’ont vomi vos blasphèmes,
Vous ne pourrez maudire et haïr que vous-mêmes ;
Et, du feu qui vous ronge irritant la fureur,
Vos âmes se verront, et se feront horreur.

Qu’ai-je dit ? ô mon Dieu, pitié pour mon audace !
Moi, pécheur, j’ose prendre une voix qui menace ;
Moi qui n’aurais, dans l’ombre admis à supplier,
Qu’à frapper ma poitrine et qu’à m’humilier,
Avant que votre appel ici ne retentisse,
J’ose aller au-devant du jour de la justice ;
J’ose, en mon sens étroit, sonder vos jugements
Et, criminel aussi, parler de châtiments !

Mon Dieu, puisque entre tous, j’ai besoin de clémence,
Laissez-moi ne rien voir que votre amour immense ;
Mes yeux n’embrassent pas, Seigneur, l’éternité ;
Je ne sens l’infini que dans votre bonté.
J’ignore tout, mon Dieu ; ma misère est profonde !
Mais je crois à ton fils né pour sauver le monde,
Et j’invoque, en serrant sa croix entre mes mains,
Le sang de Jésus-Christ mort pour tous les humains.