Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/34

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Parfois, d’ailleurs, trompé sur ces chants éphémères
Que je dis, tout en pleurs, assise vos genoux,
Mon esprit croit trouver l’accord digne de vous,
L’hymne de tous les fils fait pour toutes les mères !

Ah ! meure, avec le don à mon repos fatal,
Le labeur de ma vie. et mon nom et mon livre,
Si Dieu veut que j’écrive un mot qui puisse vivre
Comme l’écho sacré de l’amour filial !

Si l’homme droit et pur qui lira cette page
Essuie, en la tournant, une larme à ses yeux ;
S’il trouve là son cœur de fils, et s’il sent mieux
Ce qu’il doit à sa mère et l’aime davantage :

J’aurai vécu ! ma vie aura porté son fruit ;
Je ne me plaindrai plus de la flamme qui m’use,
Des biens communs à tous que le ciel me refuse ;
Je saurai le secret de mon repos détruit.

Et le monde lui-même à tout poëte hostile,
Et Dieu, qui mit pourtant cette fièvre à mon front,
En faveur de ce chant, peut-être m’absoudront
De tout mon sang usé dans une œuvre inutile.