Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/53

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Car la terre est au roi ! les plaines et les ondes
Épuisent sous sa main leurs entrailles fécondes.
Aux voluptés du roi tout doit payer tribut ;
Toute vie a sa joie ou son orgueil pour but.
Pour enrichir le roi, la mine ténébreuse
Livre l’or et l’airain au bras vil qui la creuse ;
La mer jette à ses pieds la perle et le corail ;
Pour ses chars, des chevaux s’élargit le poitrail ;
Des étoiles du ciel buvant les pleurs nocturnes,
L’aloès et le nard fleurissent pour ses urnes.
Le raisin d’Engaddi n’embaume les pressoirs
Que pour verser au roi son ivresse des soirs ;
Pour lui seul, pour peupler ses tours et ses galères,
Le rude enfantement ouvre les flancs des mères ;
Et des vierges, pour lui, mûrissant les couleurs,
L’été d’un fin duvet dore leur joue en fleurs.

Et le roi voit, d’en haut, le flot des tributaires
De son trône effleurer les marches solitaires,
Et cette foule, au loin, s’écarter lentement
De l’amas des trésors qui monte incessamment ;
Planant sur les humains, son regard les méprise.

Telle, sur la montagne, et dans sa force assise,
La tour de Siloë penche sur les coteaux