Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/68

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Leurs trésors, leurs plaisirs, ces chaînes qui les lient,
Les festins éternels, les fornications,
Viciant jusqu’aux os les. générations.
Le jeûne du désert est leur dernier remède ;
Tu ne peux rien sur eux si le désert ne t’aide.
Mais, aussi loin que toi, nul, sans mourir brûlé,
N’offensera du pied ce sable immaculé.
Va plus près d’eux ; habite une terre moins rude
Dont leurs cœurs puissent mieux porter la solitude,
Où l’air, plus tempéré par l’ombre et par les eaux,
Ait l’humide douceur qu’il faut à ces roseaux.
Va-t’en vers le Jourdain, prêchant la pénitence,
La crainte, la justice : un autre, qui s’avance,
D’une loi plus parfaite enseignant le devoir,
Porte un mot plus divin que tu n’as pu savoir.
Va donc, reprends le peuple ; et qu’un flot pur le lave
Des taches de la chair qui le rendait esclave.
A toi de nettoyer, de tout Je vieux levain,
Le vase qu’un plus digne emplira de son vin.
Pars, et si tu trouvais, avant d’atteindre au fleuve,
Le zèle du désert dans quelque âme encor neuve,
Mène-la plus avant dans ce pays ardu
Où ta chair s’est durcie, où tu m’as entendu.
Tout homme doit venir aussi près que possible
De ces lieux où ton œil voulut voir l’invisible, »