Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/69

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II

Or, docile à l’Esprit, Jean se leva soudain,
Et l’ardent Précurseur marcha vers le Jourdain.
Et déjà le suivaient, dans ces sentiers austères,
Des hommes imitant ses jeûnes solitaires.
Tous, dans les vives eaux, à sa voix, se plongeaient
Affranchis de la chair, et tous l’interrogeaient :
— « O maître, qu’as-tu vu, qu’as-tu fait, dis, ô maître,
Dans la contrée où nul après toi ne pénètre ? »

— « Comme vous m’écoutez, j’écoutais une voix. »

— « Qui te parlait ? celui qu’aperçut autrefois
Moïse, et qui grava ses décrets sur dix tables ?
Maître, dis-nous sa forme et ses traits redoutables. »

— « Je n’ai rien vu de plus que, sous les vastes cieux,
Ne peuvent en s’ouvrant voir les plus faibles yeux :
Les fleuves, les forêts et les bêtes vivantes,
Puis des sables sans fin les montagnes mouvantes. »