Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/89

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Avoir, pour toute aumône et tout soulagement,
Les plus minces débris, les miettes de la table :.
Mais nul ne les lui donne, et sa voix lamentable
N’éveille sur ce seuil que l’insulte et les coups.
L’esclave armé du fouet le chasse avec courroux,
De l’aspect du lépreux craignant quelque souillure.
Mais les chiens s’approchaient et léchaient sa blessure,

O cœurs des mendiants à l’outrage endurcis !
Plus bas, sur l’escalier, le vieillard reste assis,
Impérieuse faim ! et tenace, il bourdonne
De l’appel usité le refrain monotone.
Des enfants vagabonds criant : Sus au lépreux !
De boue et de clameurs le harcelaient entre eux ;
Puis du bâton fuyaient, en riant, la menace.
Tout à coup, s’avançant à grands pas sur la place,
Un homme s’est montré ; sous sa saie en lambeaux,
Sous son poil noir, ses os semblent percer sa peau^
Montant vers le palais, il va franchir la dalle
Où gronde le vieux pauvre, où sa lèpre s’étale ;
Mais Lazare, à l’aspect d’un nouveau mendiant
Plus jeune et plus hardi, s’irritait, lui criant :
« Retire-toi d’ici, misérable ! est-il juste
Qu’avec ces bras nerveux, encore vert et robuste,
Un pareil fainéant dérobe ici la part