Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/97

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De mielleuses saveurs sous mes lèvres abonde ;
Ton rosier éclatant des plus vives couleurs,
Cache un frais rejeton né sous ses larges fleurs.
Tes lèvres ont le miel et le dard des abeilles.
Ouvre-moi ton enclos, et qu’à pleines corbeilles,
Sur ton arbre, où la fleur se mêle encore au fruit,
Je cueille avec transport… »

Mais sur le seuil un bruit,
Un pas ferme et tonnant résonne, et dans la fête,
Orage inattendu, gronde le noir prophète.
L’œil en feu, « le front haut, il parle. Un morne effroi
Sur leur pourpre a cloué les convives du roi.
II parle, et le frisson vole avec sa voix prompte ;
Il lance, à chaque mot, un geste qui les dompte,
Et, d’un murmure, entre eux pas un ne l’a bravé ;
Le luth seul vibre encor tombé sur le pavé.

« Malheur à vous, dit-il, roi, grands, race funeste !
Malheur à ce palais où s’étale l’inceste ;
Qui s’allume, le soir, d’infernales splendeurs,
Et des parfums lascifs sème au loin les odeurs !
Qu’un homme vienne ici cherchant justice, il trouve
La maison de David comme un antre de louve,
Où passe, au bruit des chants et des rires impurs,