Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/182

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des choses dont nous ne connaissions que la surface, mais au fond desquelles vous aviez découvert une seule étincelle de l’idéal j de là aussi votre sévérité pour tant d’œuvres sanctionnées par la foule, mais qui manquaient du principe vivifiant. C’était vous qui rameniez notre pensée à ce qui est immuable daris la morale et dans l’art ; vous nous défendiez de toute concession aux caprices éphémères. Le présent ne pouvait vous enchaîner ; vous regardiez l’avenir, car c’est dans l’avenir qu’est le royaume de l’amour. Vous saviez choisir, pour me parler, une langue si bien appropriée à mon esprit, que je croyais avoir entendu déjà au dedans de moi-même chacune de vos paroles murmurées par ces voix profondes qui ne trompent jamais. Dieu vous avait fait mon maître, et vous vous étiez fait mon frère : un frère aîné, mon guide dans la voie difficile où nous marchions tous les deux. J’avançais à la lueur de votre inaltérable raison ; je comprenais de loin vos moindres signes. Votre intelligence s’était si bien confondue avec la mienne, que nous semblions avoir le même regard et le même sentiment. Les impressions de tous deux étaient semblables ; les vôtres plus complètes sans doute, et suivies d’un jugement plus pénétrant ; mais, sans aller aussi avant, mon esprit s’élançait dans la même direction. Quand vous m’expliquiez ce que nous voyions ensemble, vos idées me paraissaient n’être que ma pensée éclairée et agrandie. Aussi je cherche en vain dans mon cœur une croyance, une admiration,