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CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE



Quelle nature riche et puissante que celle de ces forêts qui semblent vierges ! Les arbres, élevés à des hauteurs prodigieuses, croisent leurs cimes et murmurent éternellement leur hymne au Créateur. Leurs écorces suintent, comme des mamelles trop pleines, un lait odorant, et les essaims d’insectes accourent en bourdonnant autour des feuilles nouveau-nées. Une ombre douce règne et partout entretient une fraîcheur suave et embaumée.

0 Deshayes, point perdu, terre promise cependant ! Aucun touriste ne t’a visité ; aucun poète ne t’a chanté, pas même le cygne de Sainte-Rose[1], qui a trouvé des accents divers pour célébrer toutes tes rivales. Mais, en revanche, quel doux ravissement cause la vue de tes forêts sans pareilles au chasseur qui y pénètre pour la première fois ! Cette impression, nous l’avons ressentie, mais nous n’essayerons pas de la rendre, parce que nous avons le sentiment de notre impuissance.

  1. Saint-Aurèle Poirié.