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DU LANGAGE


capable d’amour que la grisette, la Lorette a compris son temps, et l’amuse comme il veut l’être ; son esprit est un composé de l’argot du théâtre, du Jockey Club et de l’atelier. Gavarni lui a prêté beaucoup de mots, mais elle en a dit quelques-uns. Des moralistes, même peu sévères, la trouveraient corrompue, et pourtant, chose étrange ! elle a, si l’on peut s’exprimer ainsi, l’innocence du vice. Sa conduite lui semble la plus naturelle du monde ; elle trouve tout simple d’avoir une collection d’Arthurs et de tromper des protecteurs à crâne beurre frais, à gilet blanc. Elle les regarde comme une espèce faite pour solder les factures imaginaires et les lettres de change fantastiques : c’est ainsi qu’elle vit, insouciante, pleine de foi dans sa beauté, attendant une invasion de boyards, un débarquement de lords, bardés de roubles et de guinées. — Quelques-unes font porter, de temps à autre, par leur cuisinière, cent sous à la caisse d’épargne ; mais cela est traité généralement de petitesse et de précaution injurieuse à la Providence. » — Th. Gautier, 1845.

Lorgne : Borgne (Vidocq). — Abréviation de Calorgne. — Lorgne : As (id.).

Loubion : Bonnet. — Loubionnier : Bonnetier.

Loucher (Faire) : Faire changer de manière de voir, d’opinion. — « Avec qui tu veux que je soye ? Est-ce que ça te fait loucher ? » — Monselet.

Louche : Main. — Comparaison de la main à la grande cuiller appelée de temps immémorial louche. V. Roquefort.

Louloutte : Petite dent. — Allusion aux dents du loup dont on effraie toujours les petits enfants. —