Page:Larguier - L'an mille, 1937.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et s’il était entré un soir dans un de ces salons où il n’allait pas, il est probable que les femmes elles-mêmes se seraient levées.

Se nourrissant de légumes, d’œufs et de fruits, ne buvant que de l’eau, il n’y avait dans sa vie aucune aventure, aucun amour, rien d’aimable et on eût pu dire presque rien d’humain ; pas une défaillance, pas une faiblesse.

On disait que depuis sa vingt-cinquième année il ne s’était pas consolé de la mort d’une jeune femme et qu’il demeurait fidèle au serment qu’il avait fait sur sa tombe.

Personne ne le savait exactement, mais dans la cellule où il couchait il n’y avait pas d’autre ornement qu’un tableau représentant Orphée au bord du funèbre fleuve et suivi par le fantôme d’Eurydice. Il y tenait. On avait vu cette peinture dans le wagon de son train blindé de généralissime pendant