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beau de se perdre dans un abîme infini de temps qui les rapprochait de l’éternité. (Boss.) || Distance infinie, intervalle immense : Le christianisme met un abîme entre l’âme et le corps, un abîme entre l’homme et Dieu. (V. Hugo.)

Je laisse entre eux et moi l’abîme de ma gloire
De Jouy.

|| Différence énorme entre une chose et une autre : Ces deux mots sont séparés par un abîme. Il y a un abîme entre ces deux faits. (Chaix d’Est-Ange.) Entre la conscience et le fait, il y a un abîme de raisons déterminantes qui condamnent ou légitiment un fait. (Balz.)

C’est un abîme de science, C’est un homme extrêmement instruit : Jules Scaliger était un abîme d’érudition.

— Se dit aussi des affaires, des entreprises, où l’on dépense beaucoup d’argent, où l’argent se perd comme dans un gouffre : Le jeu, les procès, les bâtiments, sont des abîmes. (Acad.) Le palais de Versailles fut pour Louis XIV un abîme de dépenses. (Volt.) Tout cela lui coûte un argent infini ; c’est un abîme où il se ruine. (Mariv.)

— Se prend quelquefois en bonne part pour exprimer l’immensité d’une perfection, d’un bonheur, d’une jouissance, etc. : L’âme va se perdre dans le vaste abîme de ses perfections. (Boss.) Cette lumière, cette gloire céleste fait naître en eux une source intarissable de paix et de joie ; ils sont plongés dans cet abîme de délices comme les poissons dans la mer. (Chateaub.) Représentez-vous toutes les amitiés de la terre venant se perdre ou se réunir dans cet abîme de sentiments, ainsi que des gouttes d’eau dans la mer. (Chateaub.)

Être sur le bord de l’abîme, Être près de sa ruine, de sa perte. || Creuser un abîme sous les pas de quelqu’un, Travailler à le perdre. || L’abîme du passé, Le passé considéré comme engloutissant tout : Il faut que tout le monde s’amuse, et, comme les autres, cette soirée se précipitera dans l’ abîme du passé. (Brill.-Sav.) Souvent j’ai accompli de délicieux voyages, embarqué sur un mot dans les abîmes du passé. (Balz.)

— Techn. Vaisseau contenant le suif fondu, et dans lequel on trempe la mèche pour faire la chandelle.

— Blas. Point central ou milieu de l’écu : on l’appelle aussi cœur. || En abîme, se dit d’une pièce placée au milieu de l’écu, sans toucher ni charger aucune autre pièce. La famille Le Goux porte : d’argent à trois molettes d’éperon de gueules, une tête de More tortillée du champ en abîme.

— Gramm. Abîme, qui est aujourd’hui masculin, était autrefois du féminin : Mers et abîmes lointaines. (Molinet.) Certainement il entendait combien était grande l’ abîme de nos péchés. (Calvin.)

Là de la terre et là de l’onde
Sont les racines jusqu’au fond
De l’abîme la plus profonde.Ronsard.

|| Abîme sans fond. Peut très-bien se dire, malgré le pléonasme que nous révèle l’étymologie. Bossuet a employé abîme sans fond dans ses Élévations sur les mystères. En général, un pléonasme que l’étymologie seule indique est insensible et peut être considéré comme nul. C’est ainsi qu’on dit se suicider, bien que l’étymologie du mot suicider indique l’action de se tuer soi-même.

Encycl. Géol. On donne le nom d’abîmes à des cavités naturelles généralement verticales, dont l’ouverture est à la surface du sol et dont le fond n’est pas connu. Ils peuvent être formés par le redressement des couches de l’écorce terrestre, par l’extinction de cratères, par le dessèchement de lacs. On appelle encore abîme une bouche de laquelle sortent des torrents d’eau froide ou bouillante, chargée ou non de substances minérales. Au reste, le mot abîme n’a pas encore reçu, dans la nomenclature géologique, une acception précise ; il est à peine scientifique.

Syn. Abîme, gouffre, précipice. Le précipice représente un lieu où l’on tombe de haut en bas : Lorsqu’un aveugle en conduit un autre, ils tombent tous deux dans le précipice. (Malebr.) Le gouffre est une ouverture qui absorbe ou engloutit. Plusieurs des assiégeants tombaient des rochers dans la rivière, qui les engloutissait dans ses gouffres. (Roll.) L’abîme est quelque chose qui n’a pas de fond : Ces vallées de la mer semblent être des abîmes de profondeur. (Buff.) On tombe dans le précipice : on est englouti dans le gouffre ; on se perd dans l’abîme.

Épithètes. Large, immense, profond, sans fond, affreux, effrayant, effroyable, terrible, épouvantable, horrible, obscur, ténébreux, noir, impénétrable, entr’ouvert, ouvert, béant, dévorant, brûlant, enflammé, infernal, éternel.

Prov. litt. L’abîme appelle l’abîme, Expression figurée qui signifie qu’un malheur en appelle un autre, qu’une faute conduit à une autre faute. V. Abyssus abyssum invocat.

Allus. hist. L’abîme de Pascal. V. Pascal.

ABÎMÉ, ÉE (a-bi-mé) part. pass. du v. Abîmer. Jeté dans un abîme ; Un navire abîmé dans les flots. (Acad.) Nos villes abîmées et réduites en cendres. (Mass.) Tous ceux qui s’écartèrent un peu furent emportés et abîmés dans le fleuve. (Volt.) Le cardinal Julien voulant passer dans sa fuite une rivière, y fut abîmé par le poids de l’or qu’il portait. (Volt.) La Grèce ayant été abîmée par un déluge, de nouveaux habitants vinrent la peupler. (Montesquieu.)

Sous Pélion Mimas fut abîmé.     J.-B. Rousseau.

— Par anal. Gâté, couvert, criblé, etc. : Ce meuble est abîmé de taches. (Acad.) Pison était abîmé de dettes. (Vertot.) Tous les jours elle fait du feu pour empêcher ses meubles d’être abîmés par l’humidité. (E. Sue.)

— Fig. Plongé, absorbé : Être abîmé dans le vice. Je suis abîmé dans la tristesse. (Boss.) J’étais abîmé dans la plus amère douleur. (Fén.) Corbinelli est toujours abîmé dans sa philosophie christianisée. (Mme de Sév.) Je pense que le pauvre chevalier de Grignan était bien abîmé de douleur à la mort de M. de Turenne. (Mme de Sév.) Les âmes saintes sont abîmées dans le ciel. (Boss.) Elle passe le jour et la nuit abîmée dans sa triste pensée. (Mme de Tencin.) Ces nations sont abîmées dans l’idolâtrie. (Chateaub.) Son esprit est abîmé dans la contemplation. (Lamart.) || Inondé, noyé dans : L’expression du visage de la reine ne s’effacera jamais de mon souvenir ; ses yeux étaient abîmés de pleurs. (Mme de Staël.)

À ces mots, d’un torrent de larmes,
Ressource des cœurs opprimés,
La douleur inonda ses charmes,
Et ses yeux furent abîmés.     Hamilton.

— Absol. Anéanti, détruit, ruiné, perdu de réputation : Madame Scarron ne la voit plus, ni tout l’hôtel de Richelieu : voilà une femme bien abîmée. (Mme de Sév.) Ces cheveux gris ne vous avertissent que trop qu’une grande partie de notre être est déjà abîmée et engloutie. (Boss.) Je suis sec, abîmé, ruiné. (Dancourt.) Elle est abîmée et ne reviendra, dit-on, jamais sur l’eau. (Le Sage.)

— Attaqué, critiqué amèrement, écrasé : Il a paru deux nouveaux articles où mon pauvre Wenceslas est abîmé ; je les ai tus, je les lui cache, car il se découragerait tout à fait. (Balz.)

ABIMÉLECH (lèk), roi philistin, enleva Sara ; femme d’Abraham, que ce patriarche faisait passer pour sa sœur, et la lui rendit avec de riches présents lorsqu’il eut reconnu son erreur.

ABIMÉLECH, juge d’Israël, fils de Gédéon, s’assura le pouvoir par le meurtre de ses soixante-dix frères, et souleva les Sichémites par sa tyrannie. Il fut tué au siège de Thèbes, près de Sichem, en Palestine, par un éclat de meule de moulin que lui lança une femme (1235 av. J.-C.)

ABÎMER v. a. ou tr. (a-bi-mé — rad. abîme). Jeter dans un abîme : Si nous ne pouvons abîmer Télémaque dans les flots de la mer. (Fén.) Il parait une seconde fois, les espérances se relèvent, lorsqu’un flot survient et l’abîme. (La Bruy.) Une secousse violente abîma cette montagne. (Volt.)

Dieu résolut enfin, terrible en sa vengeance,
D’abîmer sous les eaux tous les audacieux.
Boileau.

— Par ext. et fam. Culbuter, renverser, mettre en déroute : Les cuirassiers abîment un régiment d’infanterie espagnole et sabrent les canonniers sur leurs pièces. || Gâter, salir, endommager : La poussière abîme les bas. (Brill.-Sav.) Et c’est pour cela que, depuis ce matin, vous avez tout bouleversé dans mon parc, que vous avez abîmé mes plantes, mes arbustes, mes camélias, des fleurs sur lesquelles je comptais pour me parer ! (Scribe.) Il s’est permis d’abîmer la peinture de cette porte avec ces indécents barbouillages. (E. Sue.)

— Fig. Plonger, enfoncer, absorber :

………En quel gouffre d’horreur
Tes périls et ma perte ont abîmé ton cœur !
Voltaire.

|| Anéantir, saccager, détruire, ruiner : Des dépenses excessives l’ont abîmé. (Acad.) Flatter la jeunesse, l’abîmer par les dépenses et les dettes. (Fén.) Cet Alexandre qui est venu de bien loin, de je ne sais où, pour abîmer tout, pour engloutir tout. (Fontenelle.)

Pour soutenir tes droits, que le ciel autorise,
Abîme tout plutôt : c’est l’esprit de l’Église.
Boileau.

|| Par ext. et fam. Maltraiter en paroles ou dans un écrit : Abîmer son adversaire. Il m’a abîmé dans sa brochure. On voit en tous ces endroits comme il les abîme. (Boss.)

— Neutral. ou intrans. Tomber en ruine : Cette maison abîma tout à coup. || Ce sens a vieilli.

S’abîmer, v. pr. Tomber dans un abîme, s’engloutir, s’enfoncer : Cette montagne s’est abîmée tout à coup. (Acad.)

La nef tourne, s’abîme, et disparaît aux yeux.
Delille.
Laissant derrière lui des sillons de lumière,
Phaéton s’abîma dans le vaste Eridan.
De Banville.

— Par exagérat. Tomber en ruine : Château, chapelle, donjon, tout s’en va, tout s’abîme. (P.-L. Cour.)

— Fam. et par ext. Se détériorer, s’endommager, en parlant des choses : S’il pleut, votre chapeau s’abîmera. Cette robe s’abîme à la poussière. (Acad.) Il y avait des femmes jusque sur l’escalier, les toilettes s’abîment horriblement, la mienne est perdue. (Balz.) || Avec un nom de personne, Se salir : Vous avez un habit propre, n’allez pas vous abîmer. (Acad.) || S’exténuer, se harasser de fatigue : Et dans quel état il est ! S’abîmer, se fatiguer ainsi ! Comme il a chaud ! (Scribe.) || Altérer, détériorer : S’abîmer la santé. Sa femme s’est abîmé la santé en le soignant. (E. Sue.)

— Fig. S’abandonner à une chose, s’y livrer tout entier, s’y enfoncer, s’y plonger : S’abîmer dans ses pensées, dans l’étude, dans la douleur, dans les plaisirs. Dans le temps qu’on allait à Fontainebleau pour s’abîmer dans la joie, voilà M. de Turenne tué. (Mme de Sév.) Elle s’abîma dans la contemplation de son immensité et de sa gloire. (Fléch.) L’abbé prit sa tête entre ses mains et s’abîma dans ses réflexions. (J. Sandeau.) J’essayais de la consoler, et l’instant d’après, je m’abîmais dans des désespoirs inexplicables. (Chateaub.) Laissez-moi m’abîmer dans mon admiration. (Castille.)

Toi donc qui vois les maux où ma muse s’abîme.
Boileau.
Et sachant dans quels maux mon cœur s’est abîmé.
Molière.

|| Se ruiner, se perdre : S’abîmer par le luxe. (Acad.)

S’abîmer en Dieu, Perdre le sentiment de sa propre existence pour s’absorber dans la contemplation des perfections divines : Je dois vivre dans le Seigneur, me perdre et m’abîmer en lui, en sorte que je ne pense, je n’agisse et ne veuille vivre qu’en Dieu. (Saint Basile.) La dame continue d’avoir l’air de s’abîmer en Dieu. (Adr. Paul.) || S’abîmer devant Dieu, Être plongé dans la contemplation de ses perfections infinies, et s’humilier profondément devant lui : L’ascétisme oblige ses sectateurs à s’abîmer devant Dieu dans la contemplation perpétuelle de l’image qu’ils s’en sont formée.

AB IMO PECTORE (a-bi-mo-pèk-to-ré). Mots latins qui signifient Du fond du cœur.

Cette locution se trouve souvent dans Virgile, pour exprimer l’extrême douleur, qui semble tirer ses larmes, ses gémissements, ses paroles, du plus profond du cœur.

On dit aussi, en retranchant la préposition, imo pectore.

ABINGDON (a-bain-gdone), ville d’Angleterre, sur la Tamise, à 80 kil. de Londres. Marché considérable de grains. 5,700 hab.

AB INTESTAT, loc. adv. (a-bain-tèss-ta — du lat. ab, de, par ; ïntestato, qui n’a pas testé). Par suite de l’absence de testament : Héritier ab intestat. Succession ab intestat. Géronte meurt de caducité, et sans avoir fait ce testament qu’il projetait depuis trente années : dix têtes viennent ab intestat partager la succession. (La Bruy.) Les lois restreignirent le nombre de ceux qui pouvaient succéder ab intestat. (Montesq.) La Constituante décida l’égalité des partages, dans les successions ab intestat, entre les héritiers de même degré, sans distinction d’âge et de sexe. (J. Simon.)

— Par ext. Se dit aussi de celui qui meurt sans avoir fait de testament : Il est mort ab intestat. Autrefois on privait de la sépulture ceux qui étaient décédés ab intestat. (Encycl.) La duchesse de Suffolk s’empara des biens de son fils, fondant ses prétentions sur cette loi de Henri VIII, qui porte que si quelqu’un meurt sans enfants et ab intestat, la propriété de ses biens passe à son plus proche parent. (Sterne.)

J’apprends soudain qu’un oncle trépassé,
Vieux janséniste et docteur de Navarre,
Des vieux docteurs certes le plus avare,
Ab intestat, malgré lui, m’a laissé
D’argent comptant un immense héritage.
Voltaire.

Encycl. Jurispr. On dit de quelqu’un qu’il est mort ab intestat quand il n’a pas laissé de testament ; alors l’héritier que la loi appelle à succéder est dit héritier ab intestat, et la succession est dite ouverte ab intestat. À Rome, c’était un déshonneur de mourir ab intestat, et tout citoyen ayant droit de tester ne manquait pas d’instituer, par acte solennel, l’héritier qui devait après sa mort continuer sa personne. Notre Code civil restreint le droit de testament pour en empêcher les abus ; ainsi, il réserve une part déterminée aux enfants du testateur et à ses ascendants dans certains cas. Lorsque le défunt est mort ab intestat, la succession est déférée aux descendants ; à défaut d’enfants, aux frères, sœurs ou à leurs descendants. Depuis la promulgation du Code civil, les successions ab intestat sont les plus communes.

ABIPON, ONNE adj. (a-bi-pon, o-ne). Linguist. Se dit de l’un des principaux idiomes de la langue péruvienne, parlé dans le Paraguay et par les Abipons de Rio-de-la-Plata, peuple qui a presque disparu aujourd’hui : La langue abiponne. L’idiome abipon est harmonieux. (Balbi.)

ABIPONS s. m. pl. (a-bi-pon). Géogr. Nation autrefois guerrière et nombreuse, qui habitait dans le Chaco, et qui vit maintenant dans le Paraguay, à l’E. de Parana. On voit parmi les Abipons des hommes d’une taille presque gigantesque.

AB IRATO loc. adv. (a-bi-ra-to — du lat. ab, de, irato, sous-entendu homine, un homme irrité). Qui est d’une personne en colère.

— Cette locution s’applique aux actes dont la colère et la haine ont été le principe et la cause. Elle modifie généralement un verbe, un participe ou un adjectif : Un discours prononcé ab irato. Une satire écrite ab irato. Agir, parler ab irato. (Acad.) Il semble que le testament politique du cardinal Albéroni ait été fait ab irato ; cela seul suffirait pour l’invalider. (Volt.) La Savoie nous a été retranchée, en quelque sorte ab irato, après le 20 novembre 1815. (Journ.)

— S’empl. elliptiq. et se place après un nom : Testament ab irato. Mesure, discours, satire ab irato. La loi casse les testaments ab irato. (Mirab.) La légitimité est fatalement condamnée d’avance, quoi qu’elle fasse, à une politique de contre-pied, à une politique ab irato qui humilie au lieu de rallier, qui blesse au lieu de guérir. (E. Pelletan.) Arrivé au comble de la souffrance et touchant au terme de sa vie, Molière sentit s’exaspérer son ressentiment contre la médecine, et sa dernière comédie, le Malade imaginaire, fut comme un testament ab irato contre une science qui ne pouvait ni soulager ses maux, ni prolonger son existence. (Auger.)

Encycl. Jurispr. L’action ab irato, admise dans le dernier état du droit romain, était la demande, faite par l’héritier légitime du testateur, de la nullité du testament. Ainsi, quand il était prouvé que le testateur avait été influencé par un sentiment de haine ou de colère, les enfants avaient l’action ab irato. La loi française actuelle ne consacre pas d’une manière spéciale l’action ab irato, mais elle permet de provoquer l’annulation du testament, par le motif qu’il a été fait dans un moment où le testateur n’était pas sain d’esprit.

ABIRON. V. Coré.

ABIRRITANT (a-bir-ri-tan) part. prés. du v. Abirriter.

ABIRRITANT, ANTE adj. v. (a-bir-ri-tan, an-te, — rad. abirriter). Méd. Qui est propre à diminuer l’irritation : Remède {sc|abirritant}}. Médicaments abirritants.

— S’empl. substantiv. : Abirritant mécanique. Abirritant chimique. Abirritant spécifique.

ABIRRITATIF, IVE adj. (a-bir-ri-ta-tif, i-ve — rad. abirriter). Méd. Qui a le caractère de l’abirritation.

ABIRRITATION s. f. (a-bir-ri-ta-si-on — du lat. ab, partic. priv. sans ; et du fr. irritation). Méd. Absence, défaut d’irritation. Ce mot, dans la doctrine physiologique de Broussais, désigne l’état opposé à l’irritation. Il est à peu près synonyme d’asthénie et d’atonie.

ABIRRITÉ, ÉE (a-bir-ri-té) part. pass. du v. Abirriter. Dont on a diminué l’irritation.

ABIRRITER v. a. ou tr. (a-bir-ri-té — du lat. ab, part. privat., et irritare, irriter). Méd. Diminuer la sensibilité dans une partie du corps.

ABIS s. m. (a-biss). Relat. Prêtre tartare mahométan.

ABISAG, jeune Sunamite, compagne de David dans sa vieillesse. L’histoire la désigne généralement sous le nom de la jeune Sunamite.

ABISAÏ, neveu de David et l’un de ses généraux les plus dévoués, se couvrit de gloire aux combats de Gabaon, de Medalla, dans les guerres contre les Philistins, et sauva la vie au roi en tuant le géant Jesbibenob au moment où il allait le frapper. Il était d’un caractère cruel et contribua au meurtre d’Abner.

ABISMAL, ALE adj. (a-biss-mal — rad. abîme, anc. abysme). Qui appartient à l’abîme : Si vos corps dans la fosse abismale eussent été ensevelis. (Ste-Palaye.)

ABISSIQUE adj. des 2 g. (a-bi-si-ke — du lat. abyssus, abîme). Qui appartient à l’abîme, à la mer primitive, || On écrit aussi Abyssique.

ABIT s. m. (a-bi). Anc. chim. Le carbonate de plomb.

ABITIBE s. m. (a-bi-ti-be). Géogr. Nom d’une peuplade indienne : Les Abitibes habitent les bords de l’Abitibis, lac de l’Amérique septentrionale, dans le haut Canada. (Encycl.)

ABITIGAS s. m. pl. (a-bi-ti-ga). Géogr. Nation nombreuse et guerrière du Pérou.

ABIU, fils d’Aaron, périt dans les flammes avec son frère Nadab, pour avoir mis du feu profane dans son encensoir.

ABJECT, ECTE adj. (du lat. abjectus, jeté hors — pr. ab-jèk, èk-te, en faisant entendre le k dans les deux genres. M. Littré pense que l’on ne doit pas faire sonner le c et qu’il faut prononcer abjé. Nous sommes d’un avis opposé Autrefois, il est vrai, on ne prononçait pas le c, mais par cette raison bien simple qu’il ne figurait pas dans le corps du mot, en dépit de l’étymologie. C’est ainsi, abjet, qu’on le trouve dans les lexiques de Monet, Danet et Furetière, ainsi que dans les poëtes :

Dis tout, Araspe, dis que le nom de sujet
Réduit toute leur gloire en un rang trop abjet.
Corneille.
Et dans les plus bas rangs, les noms les plus abjets
Ont voulu s’ennoblir par de si hauts projets.
Cinna, acte IV, scène iv.

C’était là une bonne fortune pour la poésie, car les mots qui se prononcent èk, èkte sont assez rares dans notre langue. Mais déjà, en 1743, Trévoux constate qu’il vaut mieux dire abject ; cette orthographe ne tarda pas en effet à se généraliser, ce qui n’empêcha pas la poésie, tout en subissant le c, de conserver l’ancienne prononciation.

Frémis, Dieu te rejette au rang des plus abjects :
Tu n’as plus de vassaux, tu n’as plus de sujets.
Parseval Grandmaison.

Mais était-ce une raison suffisante pour que le langage ordinaire, qui n’est pas assu-